Traduit par William Bila (La Voix des Rroms)
Arantxa Echevarría fait chanter le festival du film féministe de Pamplona pour se faire complice de la propagation de stéréotypes racistes, machos et oppressifs à l'égard des gitanes (femmes roms).
Une fois de plus nous assistons (AGFD) à la première personne à la «chute des masques».
Après avoir été invitées et confirmées par l’organisation pour participer au 32ème Festival international du film et des femmes de Pamplona (organisé par l’Espace Femmes et Féminismes de l’Institut pour la Promotion des Etudes Sociales (IPES) et entièrement composé de femmes autoproclamées féministes) pour commenter le film Carmen y Lola avec son réalisateur Arantxa Echevarría…
Que s’est-il passé?
Eh bien, une des femmes responsables de l’organisation du festival, nous appelle pour nous donner une nouvelle de la dernière heure. La réalisatrice du film Carmen y Lola et son producteur nous ont bannis du festival et ont menacé d’interdire la reproduction du film si Gitanas Feministas por la Diversidad participe à cette table.
Autrement dit, la réalisatrice refuse de contraster son travail, son scénario récité par des autochtones à qui elle dit qu’elle donne une voix, avec les gitans(roms) eux-mêmes. Elle refuse de laisser le public voir que notre réalité est beaucoup plus riche que sa caricature commerciale. Pire, on nous maquille, on nous plie la voix, on nous «dirige» et on crie «coupe!» Sans nous laisser plus de recours que de silence. Si au moins c’était des films muets! Ici, par contre, nous avons une autre production de super-héros, mais cette fois-ci la super dame blanche est derrière la caméra et nous sommes l’exotique, le sensuel, l’opprimé et le manipulé et c’est elle qui vient sauver nos gens des sauvages et méchants, sans nous laisser quitter même une virgule de son script. Nous sommes le dernier modèle de la poupée gonflable.
Encore une fois, mais sans blesser le coup, les fils visibles, racistes et patriarcaux s’articulent systématiquement et historiquement pour «enlever» notre voix, notre corps et épater la galérie à notre détriment dans cette résistance éternelle. Dans un film dont les protagonistes sont gitanes et lesbiennes, la réalistrice de celui-ci, interdit la participation de la seule organisation féministe gitane et en raison de la diversité qui existe en Espagne, et les féministes sont vaincues, trahissent et s’installent, comme servantes dociles et complaisantes… c’est comme un film d’horreur! Pouvez-vous imaginer un film mettant en vedette des femmes noires où elles interdisent la participation des organisations de femmes noires? Bien sûr, ils sont toujours à temps pour se maquiller des gitanes/rromni pour faire de la lèche.
Après avoir adapté le coup brutal du féminisme blanco européenne dans ces régions, notre organisation a décidé à l’unanimité d’assister à ce prestigieux festival du film féministe, étant très consciente de la position injuste dans laquelle ils nous placent. Mais nous occuperons aussi cet espace réservé pour nous en tant qu’actrices secondaires non invitées. Retour à «la réserve indienne». Dans ce scénario nous exposerons, sans autorisation, notre analyse du film et il faudra l’écouter, oui, nous le ferons depuis les stands et avec le bruit de fond.
Nous apprécierions énormément votre écho de notre voix dans les réseaux et les médias dans la dénonciation et la remise en question de ce fait. Nous demandons cela à ceux qui n’ont pas de sociétés de production ou de circuits commerciaux, ni la possibilité de faire du chantage ou d’imposer leur scénario. Seul le pouvoir de la parole et l’écho des bonus. Nous avons besoin de la véritable sororité féministe de toutes ces femmes qui croient et vivent un véritable féminisme, qui doit nécessairement être antiraciste.
Rendez-vous le 13 juin prochain au Festival de Pampelune. Cela continuera!